vendredi 3 juillet 2009

Vous êtes-vous déjà préoccupées, Mesdames, de ce qu'il advient de l'énergie libérée lors de vos ébats concupiscents et de vos orgasmes en série. Ne serait-il pas possible, par exemple, de capter cette énergie et d'en faire usage pour le bonheur de l'humanité ? Et bien, figurez-vous que le sujet a longuement occupé le FBI dans les années 1950 et que Patti Smith et Kate Bush lui ont chacune consacré une chanson. Ce n'est pas rien, c'est sérieux.

Car l'énergie de vos jouissances, Mesdames, il y a un homme qui a passé une bonne partie de sa vie à la traquer. Il s'appelait Wilhelm Reich, c'était un psychiatre et psychanalyste autrichien, un élève de Freud à Vienne. Cette énergie, il l'a nommée orgone.

Tout comme vous et moi, Reich se passionne très tôt pour la sexologie et la théorie de la libido de Freud. Mais lui s'intéresse surtout aux névroses des classes les plus pauvres, ce qui l'amène à entrer en contact avec le parti communiste à Vienne et à Berlin, puis à étudier la politique sexuelle de la Russie soviétique. Son livre culte, La Revolution Sexuelle, (Die Sexualität im Kulturkampf, 1936) est une invitation à poursuivre sur le terrain de la sexualité le combat engagé dans les luttes sociales. De la contraception à l'avortement, en passant par les amours adolescentes, tous les acquis qui vous (nous) permettent aujourd'hui de jouir sans entraves sont au programme de ce livre, auquel se référaient les militantes et militants de la libération sexuelle à partir de la fin des années 1960.

Et l'orgone dans tout ça ? Assez vite, Wilhelm Reich se demande si la libido ne correspond pas à une énergie réelle, qu'il serait possible de détecter dans les cellules et dans l'environnement. Comme il constate qu'on se porte mieux quand on baise bien et avec l'âme en paix, il en conclut que l'orgasme libère une énergie vitale positive. Au début des années 1950, alors qu'il réside aux États-Unis, il se livre à différentes expériences et construit des machines complexes pour tenter de détecter l'orgone, d'en prouver l'existence et d'en utiliser la puissance. Et il y parvient. En tout cas, c'est ce qu'il affirme. Bon, il affirme aussi pouvoir utiliser l'orgone pour faire pleuvoir, pour guérir le cancer, pour faire voler des vaisseaux spatiaux et il déclare même avoir repoussé une attaque d'extraterrestres. Bref il a complètement fondu les plombs.

Ce type qui construit des machines bizarres qui ressemblent à des canons, qui se ballade avec son fils dans les collines en traquant les nuages pour faire pleuvoir, ce type évidemment est suspect. Et puis il a été membre du Parti communiste. Alors, le FBI le surveille de près.

Finalement, c'est la Food and Drug Administration qui le conduit en taule. Elle lui interdit la location des accumulateurs d'orgone et comme il refuse d'obtempérer, il est arrêté à deux reprises. La seconde fois, il envoie bouler les juges qui ne comprennent rien à ses travaux. Il est condamné, pour outrage à la cour, à deux années d'emprisonnement. Il meurt en prison le 3 novembre 1957.

Pourtant, dans les années de folie de l'inventeur de l'orgone il y a une vraie poésie. Elle jaillit dans les pages du livre de souvenirs que lui a consacré son fils Peter (A Book of Dreams, Harper & Row, NY, 1973) et dans lequel il raconte les merveilleuses années de son enfance passées aux côté de son père à chasser les nuages et l'orgone et à transporter d'étranges machines dans la campagne de Nouvelle Angleterre.

Alors certes, Wilhelm Reich a fini complètement cinglé. Mais un type qui était persuadé que la multiplication des orgasmes sur Terre ne pourrait que contribuer à l'augmentation du bonheur planétaire n'avait quand même pas tout faux !



À votre avis, quelle quantité d'orgone peuvent libérer trois jeunes femmes et trois jeunes hommes qui se retrouvent dans un hôtel parisien un week-end de juillet ? En tout cas vous verrez, je suis certain que la planète se portera mieux dès dimanche matin ! Mais ce serait bien que vous vous y mettiez aussi ...


10 commentaires:

  1. je vais suivre ton conseil alors... veux contribuer au bien être de la planète moi... sourire

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  2. J'ignorais tout de l'orgone et de Wilhelm Reich ... merci de contribuer à ma culture générale.
    Je trouve cette théorie absolument délicieuse.
    Jouir au service du développement durable ...

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  3. Je serai aussi dans un hôtel parisien samedi. Je vais faire de mon mieux, mais j'ai déjà bien travaillé cette semaine.

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  4. J'adore !!!! Ces humains dingos, farfelus, avec des idéaux, en quête de trésors et puis...va savoir, s'il l'avait trouvée cette énergie...!!
    Merci pour ce billet pédagogique, c'est de l'histoire ! Suis sure que ça intéresserait mes élèves ! ;o))
    Au fait c'était quoi l'unité de mesure de l'orgone ?
    Bises de papillon
    ps : heu...pour l'orgone libérée à 6... Ca va peut-être créer un méga orage, un trou noir, une tempête sur Paris ???

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  5. L'idée de faire pleuvoir quand on veut et où on veut n'est pas nouvelle (les tempestaires au moyen-âge étaient considérés comme des sorciers) mais elle n'est pas abandonnée. La preuve ? L’Organisation Météorologique Mondiale, dépendante des Nations Unies, possède un programme de recherche sur la modification artificielle du temps.
    Quant à l'Orgone, ça, c'est autre chose...

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  6. J'ignorais totalement cette info mais à mon sens, vouloir répandre le bonheur de cette manière est tout à fait louable ! :)
    D'ailleurs, les bonobos l'ont déjà compris et l'utilisent pour résoudre et du moins réduire certains conflits...

    Bises douces

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  7. Séduisante idée en effet ! Si ça peut sauver la planète, mieux que toutes les taxes carbone et autres économies-d'eau-durant-le-brossage-dents... il me semble qu'on peut s'y consacrer dès à présent !
    Ah bon c'est dingo ??? Dommage !

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  8. @ Lsingulière
    Je te félicite pour ton altruisme et ton esprit solidaire. J'espère que ce furent de bon moments !

    @ quine
    N'est-ce pas ? Je suis entièrement d'accord la théorie est délicieuse et la pratique tout autant. Tout cela mérite certainement d'être approfondi !

    @ Sophie
    Nous ne nous sommes pas croisés mais nous avons contribué ensemble au bien-être planétaire. Cela crée des liens, c'est évident !

    @VéroPapillon
    Pour tes élèves fais quand même attention à la façon doont tu le présentes. Mais c'est exemplaire de la paranoïa qui régnait aux Etats-Unis pendant les années 1950.

    Euh l'unité de mesure de l'orgone ? Apparemment c'est la T-org qui correspond à une baisse de température relative observée dans les accumulateurs d'orgone... Ne me demande pas plus de détails je n'ai rien compris aux formules expliquant comment on la calcule. Tu as vraiment des questions de prof toi, heureusement que tu es en vacances tiens... :-)) N'empêche, il a plus le soir en question, bon quelques gouttes seulement...

    @L'Eronaute
    Bienvenue ! Oui, c'est autre chose, mais enfin c'est un sujet qui ne manque pas de piquant.

    @MamzelleCoccinelle
    Les bonobos... oui c'est vrai ça. Et puis ils doivent bien produire de l'orgone eux-aussi. Et puis certains humains aussi quand même ! Bises pareilles

    @Ambre
    L'orgone apparemment ce n'est pas très fiable. En revanche, sauver la planète en faisant l'amour m'a fois personne n'a jamais démontrer que ça ne marcherait pas !

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  9. Alors as tu pu estimer la quantité d'orgone libéré par une telle expérience?

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  10. @Chut!!!
    C'est une question qui s'est posée à un moment. Difficile de répondre seul, mais au vu des différents témoignages recueillis il semble que l'aiguille mesurant l'intensité d'orgone se soit affolée à de multiples reprises...

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