mardi 5 janvier 2010

C'est une ferme isolée, à l'extrémité nord de l'île de Jura. Je ne sais pas si Barnhill est vraiment le lieu idéal pour écrire, mais c'est là que George Orwell a achevé le manuscrit de 1984. La maison existe toujours, il faut suivre le chemin qui part du hameau de Ardlussa, en logeant la côte sur environ cinq miles.

La plupart des habitants de l'île - même pas 200 - vivent dans le petit village de Craighouse, beaucoup plus au sud. C'est là aussi qu'est située la distillerie qui fabrique l'un des whiskies écossais les plus renommés. Avec un peu de chance, et si vous n'avez pas froid aux yeux, les villageois vous le feront goûter tel qu'ils le boivent, brut après 12 années de tonneau et sans l'ajout d'eau qui permet d'ajuster le degré alcoolique. C'est ce whisky que consomme le principal protagoniste du Petit Bleu de la Côte Ouest, le polar mythique de Jean-Patrick Manchette.

En 1994, l'île de Jura servit de cadre à un happening anarcho-situationniste délicieusement provocateur organisé par Bill Drummond et Jimmy Cauty, deux musiciens doués, qui avaient notamment formé The KLF, un groupe de techno-acid-house précurseur. The KLF leur avait fait gagner suffisamment d'argent pour leur permettre de prendre une pseudo retraite musicale. En 1993, ils créèrent la K Foundation, avec pour objectif de réintroduire un peu de subversion dans un monde artistique dominé par le fric. Le 23 août 1994, ils brûlèrent l'essentiel de ce qu'il restait de leurs gains, et tout le capital de la fondation, soit environ un million de livres sterling. Une caméra enregistrait la scène qui fut éditée sous le titre : Watch The K Foundation Burn A Million Quid.

Pour votre information, il faut un peu plus d'une heure pour flamber cette somme, en jetant les billets de 50 livres un à un dans le brasier, et en s'y mettant à deux. La BBC en a fait un documentaire.



Ça n’aurait probablement pas déplu à Orwell et Manchette. Les deux protagonistes n'ont jamais publiquement regretté leur acte, même s'il semblent aujourd'hui avoir quelques interrogations sur leurs motivations du moment. Allez, je vous sers un verre ?

Image: jb.puig (licence Creative Commons, Flickr.com)





7 commentaires:

  1. Gaspard, je t'avoue ne pas avoir eu le courage de regarder les 48 minutes de vidéo concernant ce drame, oui, c'est un drame, parce qu'avec tout cet argent, j'en aurait fait des trucs...
    Allez va, sert moi un verre!
    Bises

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  2. A mon avis je crois qu'ils veulent se démarquer,qui peut nous dire qu'ils n'ont pas gagner plus que ce qu'ils ont bruler???
    A votre santé.

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  3. On voit bien que la musique conduit à toute les absurdités diaboliques. Même pas un acte révolutionnaire, surtout pas. Des gamins qui jouent avec le feu à qui les parents pardonnent tout. Même pas les couilles de faire sauter une banque...(et puis Gainsbourg avait déjà fait ça y a 20 ou 30 ans. Bref, grotesque, un acte de bobal qui s'ennuie!

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  4. Oui pour le p'tit verre, même si je suis pas raide dingue du whisky...

    Quant aux 2 gars j'hésite à dire :
    - oh les c.... !!!! (ben oui, rapport au réchauffement climatique...)... c'est là où l'on voit que l'on n'est plus du tout dans la même époque... et les mêmes conditionnements...
    - j'adore les dingos...

    En fait, je suis coincée entre deux époques...ça doit être ça !

    Toi tu as toujours des histoires incroyables, qui se passent dans des endroits paumés dont personne n'a jamais entendu parlé... j'aimerai bien que tu m'en racontes le soir, doucement à l'oreille, stp !! ;o))

    Bises de papillon

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  5. @ Anis Hart
    Je t'avoue que je l'ai regardée en accélérée, mais deux fois, au bout du compte je dois avoir vu à peu près tout :)

    Oui je te comprends. Allez, c'est ma tournée ! Bises

    @ Emma R
    D'après ce que je sais ça ne leur a pas rapporté grand chose. Ils ont gardé une valise remplie des cendres des billets, ce n'est pas grand chose en fait un million de livres en cendres. Dans le documentaire de la BBC un marchand d'art estime pourvoir en tirer... 1000 livres.

    @ Fodio
    Possible

    @ VéroPapillon
    Oui, mais de préférence des endroits où l'on se caille ! Alors les histoires ce sera au coin du feu, et dans le feu, des bûches hein !

    Bises de gaspard

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  6. Une lectrice dans sa chambre blanche...23 janvier 2010 à 22:40

    J'ai lu pour le verre de Jura... J'ai pensé à TOI, comme d'hab !!!
    Super livre, merci pour la découverte !

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  7. @ Une lectrice dans sa chambre blanche
    J'aime que les femmes pensent à moi depuis leur chambre blanche en lisant des livres même pas cochons. :o) Je t'embrasse toi

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