Vous échangez vos premiers regards. Vous êtes congelé et vous proposez de trouver refuge au plus vite dans un lieu plus calme et bien chauffé. Vous vous asseyez, en dépit des mises en garde du serveur qui préfère les dîneurs aux buveurs. Vous commandez chacun un verre de vin rouge, un Chilien et un Bordeaux. La conversation peine à s'emballer. "Je ne suis pas une bavarde, tu sais." Vous ne saviez pas, mais ça vous rassure. "Et puis je viens de passer une nuit blanche à bosser." Vous vous réjouissez intérieurement de n'être pas le seul à qui cela arrive. Vous convenez de dîner ailleurs. Au Delaville, sur les grands boulevards. Et la soirée passe et vous l'embrassez devant l'entrée du métro Strasbourg Saint Denis, et vous aimez sentir son corps se serrer contre le vôtre, et son sexe et le vôtre se chercher à travers les vêtements. Mais, c'était l'accord, la soirée s'arrête là.
Vous pressez le pas dans le froid pour rentrer au chaud. Au tout début de la rue du Faubourg Saint Denis, vous l'apercevez, un plan dans les mains, visiblement paumée. De grands yeux bleus et des mèches blondes qui s'échappent du bonnet. Vous avez bu et vous l'abordez avec un grand sourire: "Vous avez l'air perdu mademoiselle. Que cherchez-vous ?" Vous réalisez qu'elle n'a rien compris, sauf que vous pouviez l'aider. Elle vous montre un plan et vous dit en anglais qu'elle cherche son hôtel. Vous lui expliquez que c'est juste à cent mètres, à côté de la Porte Saint Martin, ici c'est la Porte Saint Denis. Oui, il y en a deux, l'une à côté de l'autre, c'est pour piéger les jolies touristes. Vous connaissez bien son accent. "Lei è italiana ?" "Si, da Ravenna". Vous lui proposez de l'accompagner jusqu'à son hôtel. Elle semble ravie et vous explique qu'elle est venue passer un weekend prolongé, que c'est son premier séjour à Paris, qu'elle est venue voir une amie qui habite tout près mais ne peut pas l'héberger. Vous avez déniché une bavarde qui ne parle que l'Italien.
Devant son hôtel, elle vous propose un verre dans le café en face. Vous avez déjà assez bu mais vous acceptez. Elle s'appelle Angelica et elle est serveuse dans un restaurant. Et vous aimez l'écouter et vous noyer dans ses yeux ou dans votre verre, vous ne savez plus trop. Et vous n'avez jamais parlé l'Italien aussi couramment. Vous échangez vos numéros de portables et vous promettez de vous revoir avant son départ.
Après mûre réflexion vous renoncez à maudire internet. Vous êtes heureux qu'il y ait internet et encore plus heureux qu'il y ait aussi de l'imprévu.

La prochaine fois que je vais à Paris, je prend un plan et joue la fille perdue... peut-être qu'un charmant gaspard me guidera dans la nuit parisienne... :)
RépondreSupprimerQuestions :
RépondreSupprimer1) Mais quel travail faites vous donc la nuit...?
2) Si les femmes pas bavardes te rassurent, qu'en est-il des bavardes...??? (je savais même pas que ça existait des femmes pas bavardes !)
Deux femmes... Une bien jolie soirée !!
@ Dita : ça c'est une très très bonne idée !!
je crois pas que ce soit une bonne idée , je suis brune aux yeux bleus et non blonde aux yeux bleus!
RépondreSupprimer;)
Et moi je vais faire le mec perdu, un plan dans les mains... mais entre Blanche et Pigalle pour être certain qu'une fille viendra m'aborder pour me proposer un verre...
RépondreSupprimerQue serait la vie sans imprévu ? Une vie fade et monotone. L'imprévu est un petit coup de pouce du destin. A nous de le déceler et de ne pas résister ! Seulement il faut savoir faire le bon choix car l'imprévu n'est pas toujours bénéfique !
RépondreSupprimer@ Dita
RépondreSupprimerJe suis convaincu du succès de ce genre d'opération !
@ VéroPapillon
1) Un travail nocturne
2) Ce qui me rassurait c'est que si elle ne disait rien ce n'est pas parce qu'elle s'ennuyait mais parce qu'elle n'avait rien à dire de particulier et c'était sa nature. J'ai une nette préférence pour les femmes bavardes !!!
@ Dita
Ce genre de supposition ne tient pas la route et je me ferai un plaisir de vous le démontrer :)
@ 502
Toi aussi je pense que tu vas rencontrer un franc succès ! :)
@ Foldenvy
Oui, mais on ne peut toujours pas s'en remettre à l'imprévu... c'est pour cela que c'est bien de pouvoir provoquer les choses, aussi :)
Comme Dita je vais prendre une option sur ce type de rencontre, mais moi je parle espagnol... ca marche aussi vous croyez ?
RépondreSupprimerQue de filles perdues...
RépondreSupprimerAh, je ris ! J'imagine très bien Véro en touriste perdue, mais 502 pas du tout, allez savoir pourquoi ? Bon, ben, puisque c'est à la mode, je vais m'y mettre aussi. Dites-moi un peu quel quartier vous hantez Mr G. que je m'y perde pour vous croiser ?
RépondreSupprimerJ'adore cette phrase "Vous avez déniché une bavarde qui ne parle que l'italien".
RépondreSupprimerJ'adore aussi l'imprévu, hasard heureux. quoique... hasard, pas vraiment. Sérendipité. Etre là au bon moment, et non ailleurs. Disponible aussi. La tête "ailleurs" vous ne l'auriez probablement même pas vue.
@Gicerilla : ça, c'est un peu tricher !
B
Mais gaspard, comment vas tu faire quand une dizaine de filles vont jouer aux touristes perdues? rire...
RépondreSupprimermoi, je ne suis pas de Paris donc je serais peut-être vraiment perdue :)
@ Ellen
RépondreSupprimerSe puede hablar castellano tambien... même sans fessée.
@ Anonyme
J'ai un faible pour les filles perdues depuis que j'ai vu Louise Brooks dans Le Journal d'une fille perdue (Tagebuch einer Verlorenen) de Georg Wilhelm Pabst.
@ Gicerilla
Vous je vous reconnaîtrai entre mille !
@ petite française
j'ai adoré les discours de cette bavarde...
@ Dita
je pourrais envisager d'aller me perdre dans chacune de leurs provinces... j'aime beaucoup inverser les rôles !
il est bien ce texte, je trouve assez fluide aussi.
RépondreSupprimer@ Denitsa
RépondreSupprimermerci ! du coup je l'ai relu et j'ai noté plein de petites imperfections... :) en tout cas ton commentaire me fait plaisir !
Merci pour toutes ces agréables lectures...
RépondreSupprimer@ noir intense 35
RépondreSupprimerje vous en prie