À bas le sommaire, vive l'éphémère - Bazhad evit bazhad

Le cinéma de Philippe Grandrieux ce n'est pas le genre à battre des records au box office. Plutôt candidat à une diffusion sur Arte autour de 23.30. De la vidéo expérimentale d'abord, souvent en collaboration avec de grands artistes contemporains. Et puis deux longs métrages, Sombre en 1999, et La Vie Nouvelle en 2002. Deux films qui vous font basculer dans un univers narratif, photographique et sonore entièrement nouveau et déroutant.

Sombre c'est une histoire de tueur en série qui accompagne le Tour de France. On ne voit pas de crime, pas de tueur, et à peine le Tour, mais on ressent tout cela, au plus proche du psychisme du meurtrier.

La Vie Nouvelle conte l'aventure de deux mafieux qui cherchent à Sofia des hommes et des femmes à acheter. Un petit trafic perturbé par le charme étrange de Mélania, une prostituée qui conduira l'un à trahir l'autre et à commencer sa « vie nouvelle ». Bien que le scénario soit un peu plus narratif que pour Sombre, ce sont là encore les impressions, les sensations qui dominent ce film, où la photographie et la bande son se répondent avec autant, sinon davantage, d'importance que les dialogues quasi inexistants.




C'est Anna Mouglalis qui se glisse dans la silhouette élégante de la troublante Mélania. C'est à elle que j'ai pensé lorsque j'ai rencontré cette jeune femme rousse aux cheveux courts. Quand elle est sortie de la station de métro devant l'opéra de la Bastille, plusieurs scènes du film me sont immédiatement revenues en mémoire. Avec le regret de ne pas avoir dormi la nuit précédente, et celui d'avoir bâclé cette rencontre.

Bonne nouvelle, le 18 mars sort le nouveau long métrage de Grandrieux: Un Lac.