lundi 12 octobre 2009

Je suis arrivé avec une bonne demi-heure de retard, peut-être même trois quarts d'heure. Elle avait déjà commandé, un Mojito pour elle, un Daiquiri pour moi. J'avais probablement fait le malin en plaçant une remarque sur la boisson favorite d'Ernest Hemingway lors d'un échange de mails.

Bien vu. Mais je n'étais pas au bout de mes surprises.

« Alors ce sera une soirée vérité ! » Parfois je parle trop vite. Je ne sais plus pourquoi j'ai sorti ça, c'est venu d'un coup sous forme de plaisanterie en réponse à je ne sais trop quelle remarque. En tout cas j'étais content de lire la surprise dans ses yeux. Ne pas sous-estimer son adversaire ! Il ne lui a pas fallu longtemps pour retourner la situation à son avantage. Quand elle a sorti papier et crayon j'ai immédiatement imaginé quelques jeux pervers et érotiques. « Dessine moi comme tu me vois ! »

Là, je pense à Clausewitz: « Dans la guerre, tout est simple, mais le plus simple est difficile. » (Vom Kriege, Berlin 1832–1834)

Après avoir fait mentalement le tour de ce que je sais à peu près dessiner correctement - non, suis pas passé par les Beaux Arts, j'ai fait des études de sciences politiques, c'est assez différent - et après avoir écarté l'idée d'un portrait de Arthur Wellesley, duc de Wellington, en référence au Waterloo que je redoute, je choisis de faire la démonstration de mes talents d'ornithologue (ben oui, je suis plein de ressources !). Non, je ne dessine pas une poule - elle est charmante cette jeune femme, pas envie de torpiller la soirée - mais une avocette élégante.

Bon, elle semble satisfaite, pas trop choquée à l'idée que je puisse l'assimiler à un volatile (je ne peux pas vous montrer le chef d'oeuvre, la dame a gardé l'oiseau).

Après ce coup, la conversation file naturellement vers des sujets plus légers. Je la découvre assez délurée, ça me plaît.

Seulement, nous sommes lundi et j'ai un bouclage ce soir et une nuit blanche de boulot en perspective. Donc la soirée s'arrêtera vite, j'avais prévenu. En plus j'ai oublié un projet d'article au bureau. Mais comme je la trouve très jolie et que l'on s'amuse bien je culpabilise un peu à l'idée de la planter là. Résultat ? Ben résultat rien, je suis tout inhibé !

« Faut vraiment tout faire, c'est pas croyable ! » Depuis le début de la soirée j'ai laissé filé toutes les occasions de l'embrasser. En sortant du bar, elle a du penser que je ne me déciderais jamais, et elle n'avait pas tout à fait tort. Alors elle a posé ses lèvres sur les miennes. Et c'était super agréable de laisser l'initiative à l'adversaire.

« Der Angriff besitzt seinen fast einzigen Vorzug in der Überraschung. »




Je profite du trajet vers le bureau pour appeler la grande prêtresse de l'orgone. C'est comme ça, elle me manque.


8 commentaires:

  1. Tu aurais pu dessiner une autruche ou une caille :)
    Eva

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  2. hummmm je m'inquiete pour vous cher gaspard ... la grande pretresse de l'orgone ne vous accapare t elle pas trop ?

    allez allez sautez le pas de l'infidélité la pretresse n'en sera que plus heureuse

    cette inhibition je l'ai connu

    alors en traversant les champs élysées je me suis fait embrassé goulument , un baiser dans la nuit de la circulation sur les champs , peut etre mon plus beau souvenir de baisers

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  3. Sur le fil des envies de l'une de mes amies vous avez parlé du besoin éventuel d'un "électrochoc de désir"...

    J'ai adoré et cette petite phrase m'a conduite ici, je reviendrais vous lire, vous découvrir

    Au plaisir

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  4. @ Eva
    L'autruche je me serais fait plumer et la caille... la caille je ne sais pas dessiner ça!

    @ Waid
    Si vraiment tu penses qu'elle en sera plus qu'heureuse :-) Mais enfin je ne vais pas me forcer non plus, après tout il faut quand même en avoir envie. Enfin, suis pas trop inquiet sur le sujet.

    @ Soleildejuillet
    Bienvenue ici. Du coup je suis allé faire un tour chez vous et je repasserai aussi. :-)

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  5. Je n'ai jamais douté que tu étais un homme plein de ressources...
    Bises de papillon

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  6. @ VéroPapillon
    Ah oui ? Vais tâcher de m'assurer qu'il s'agisse de ressource durables, voire renouvelables. Bises !!!

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  7. et pourquoi un volatile? l'idée de s'envoler au 7eme ciel déjà dans le dessin? sourire...
    quant au baiser reçu sans s'y attendre , ce sont ceux dont on a le goût le plus piquant parfois...
    baisers

    Armandie

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  8. hum, je n'avais pas penser à l'idée de l'envol... :)

    oui, d'accord pour les baisers surprises, c'est très chouette (tiens encore un bête à plumes)

    baisers

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