Quand on est photoreporter à Paris dans les années 1930, que l'on est juif, gauchiste, exilé de Hongrie puis d'Allemagne, quand on est polyglotte, beau et charmeur, que l'on a des papiers plus ou moins en règle, et qu'il est difficile de vendre ses clichés, et bien on a peut-être intérêt à ne pas s'appeler Endre Ernő Friedmann, mais plutôt Robert Capa. Alors on devient américain, mondain, et élégant. Et on a une complice, une égérie allemande, belle, libre et inventive, elle s'appelle Gerda Taro, et elle aurait pu être une autre Lee Miller, plus passionnée et plus politique, si elle avait survécu à la Guerre civile espagnole, plutôt que d'être la première photographe tuée au combat. Ensuite, seul au monde, on multiplie les aventures, en pensant à la femme qui avait refusé de vous épouser, on aime une des plus belles actrices de Hollywood, et on se noie dans l'alcool au bar du Raphaël ou celui du Ritz en compagnie d'Ernest Hemingway, et on continue à être le plus grand reporter d'images de son temps. Enfin, on meurt bêtement en marchant sur une mine en Indochine.

Gerda Taro et Robert Capa, Paris, 1936, par Fred Stein
Alors, que les choses soient claires, il n'est jamais anodin d'inviter une inconnue à boire un verre dans un palace parisien. Surtout quand on n'en a pas les moyens.
Certes, il est mort bêtement. C'est tout de même ballot. Cela me fait penser à cet écrivain de langue allemande, Odon von Horvath, qui est mort en se promenant à Paris un jour de grand vent. Il a reçu un arbre sur la tête. Cela dit, c'était en 1938. Cela lui a évité de traverser la guerre et d'inviter des inconnues dans des palaces.
RépondreSupprimerje ne sais pas si c'est mourir bêtement que de marcher sur une mine en indochine?...
RépondreSupprimerc'est juste la signature finale d'une vie extra -ordinaire!
non?
et si au lieu du Palace ,vous l'invitiez dans un endroit plus insolite et déserté?
Une mort jeune est toujours une mort stupide ! Mais pour un artiste, cela permet de rester éternel au travers de ses oeuvres...
RépondreSupprimerBises
Il n'est jamais anodin d'inviter une inconnue à boire un verre... où que que ce soit. On ne sait jamais si après le verre, il n'y aura pas à suivre, une cave entière...
RépondreSupprimerUi, je sais que si c'était pour dire ça, j'aurai mieux fait de rester dans l'ombre où je me terre depuis des lustres, mais j'en avais envie ! C'est une raison suffisante, non ?
Bonjour chez vous, mon cher :)
Un grand monsieur, Il est sans doute l'un des photographes de guerre les plus célèbres, avec les plus grands conflits de son époque : la guerre d'Espagne, le conflit sino-japonais qu'il a couvert pour "Life". En 1947, il a créé avec David Seymour, Henri Cartier-Bresson et George Rodger la coopérative photographique Magnum. Magnum regroupe sans doute les plus célèbres photographes et photojournalistes du monde. Capa a dit en citant une autre belle femme : "Pour un correspondant de guerre manquer une invasion c'est comme refuser un rendez-vous avec Lana Turner."
RépondreSupprimerComme quoi il te rejoignait dans la chute de ton article. Amitiés.
Prudence vis à vis les inconnus, ici ou ailleurs...
RépondreSupprimerJ'aurais rêvé d'être grand reporter... Et les années 3O, quel tourbillon, quelle audace !
RépondreSupprimerOui Capa était un grand, je connaissais mal sa vie, merci de cette tranche que tu nous livres ;o)
Bises de papillon
ps : Bah... Sexreporter c'est bien aussi...!
je file... des photos à faire pour la grande agence VéroPapillon... ;o)))
mais c'est ça qui est bien, si ce n'est pas anodin, c'est que donc cela promet d'être extraordinaire.
RépondreSupprimerVivre de manière anodine je ne le souhaite à personne.
J'aime beaucoup le travail de ce photographe qui compta beaucoup pour marquer de son noir et blanc sans concession,son époque tourmentée.
baisers
Armandie
Si ce n'est pas un coq-àl'âne, je n'y connais rien. A moins, oui, à moins que vous ne fassiez un audacieux parallèle, comme un syllogisme implicite (et flatteur) entre celui qui invite au bar d'un grand hôtel et feu Robert ?
RépondreSupprimer@ 502
RépondreSupprimerÖdön von Horváth... je ne le connaissais pas celui-là ! Sa fiche Wikipedia est passionnante. Et puis un marronnier sur la tête en se promenant sur les Champs-Elysées après avoir fui la répression des nazis, quand-même... Merci pour cette découverte. :)
@ Dita
Nous sommes d'accord, il n'y a pas que les palaces dans la vie. Il y a aussi les îles désertes et glaciales des 40e rugissants et celles des 50e hurlants. Mais j'ai du mal à la convaincre, je fais dans la facilité.
@ Foldenvy
Oui, tant qu'à faire j'aimerais mourir vieux mais dans un corps de jeune. Mourir en ne pouvant plus bander ça doit être nul. bises
@ P_o_L
Bonjour vous ! Heureux de vous revoir, très ! Vous sortez pour de bon de votre tanière ? Vous n'y retournez pas dites ? bises
@ Valmont
C'était un pilier de bar. Notamment, celui du Raphaël. Et il a eu de aventures avec certaines des plus belles femmes de son époque. Lana Turner, je ne sais pas, mais nul doute qu'il n'aurait pas manqué un tel rendez-vous. Comme il n'a manqué aucun grand conflit.
@ Titia
RépondreSupprimerIl ne faudrait pas qu'un excès de prudence vous fît passer à côté de belles rencontres :)
@ VéroPapillon
Tu as gagné le titre de sexreporter depuis longtemps, au plus près du terrain. Et je vois que l'Agence VéroPapillon est en plein essor !
@ armandie
À bas l’anodin ! Vive Armandie !
@ gicerilla
Un syllogisme ce n'est pas sûr. Mais un parallèle peut-être, après tout ce grand alcoolique des palaces a fait l'une de ses plus belles rencontres féminines au bar du Ritz. Mais soyons francs, et je vous l'accorde, il n'y a jamais aucune démonstration dans l'analogie.
c'est dans ces îles là qu'elle trouvera sans doute le plus de sensations pourtant...
RépondreSupprimerdites moi gaspard ,êtes vous un homme de la mer?
un homme de la mer ? disons que je navigue et que j'aime ça, même si j'ai de moins en moins de temps à y consacrer :-)
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