À la fin des années 1960, les gays et lesbiens américains font encore face à un système judiciaire très répressif. Très peu d'établissements accueillent ouvertement les homosexuels. Mais à New York, la police se tient à l'écart de certains lieux, comme le Stonewall Inn, propriété de la mafia, qui devient une sorte de cour des miracles de la marge. Transgenres, travestis, gays, lesbiennes, prostitués et jeunes sans-abri y ont leurs habitudes.
Pourtant quand le "nettoyage" de la ville est placé au coeur de la campagne des élections municipales, par des politiciens qui n'ont pas d'autres propositions, les "déviants" deviennent une cible prioritaire. Les pots de vin que Tony “Fat Tony” Lauria, le patron du Stonewall Inn, verse aux policiers du 6e district ne suffisent plus à empêcher les descentes. Ils lui permettent tout de même d'en être informé à l'avance et d'obtenir qu'elles se produisent suffisamment tôt pour que le bar puisse rouvrir avant le gros de l'activité nocturne.
Mais le 28 juin 1969, le raid se produit plus tard qu'à l'habitude. À 1h30 du matin, huit policiers en civils tentent d'interpeller tous les consommateurs sans papiers, travestis ou jugés trop efféminés. Assez vite les choses dégénèrent, les coups pleuvent de part et d'autres. Le comportement brutal des renforts de police, qui s'en prennent aux travestis et aux gays du quartier, ou à de simples passants, enflamme Greenwich Village et s'est une foule estimée à 2000 personnes qui finit par s'opposer aux 400 flics dépêchés sur place. Les échauffourées durent cinq jours et les émeutes de Stonewall sont considérées comme le point de départ du mouvement politique d'émancipation des gays et lesbiens aux États-Unis.
Alors, quand un philosophe, qui a par ailleurs toute mon estime, écrit "Loin d'être en rapport avec quelque émancipation que ce soit, l'impératif 'Jouis !' est celui-là même auquel nous ordonnent d'obéir les sociétés dites occidentales. Et ce afin que nous nous interdisions à nous-mêmes d'organiser ce qui compte : le processus libérateur des quelques vérités disponibles dont les grands dispositifs de pensée assuraient la garde." (le contexte est ici) J'ai envie de lui répondre: calme-toi Alain, ce n'est pas parce qu'on baise qu'on va oublier de faire la révolution, et inversement, même si on est hétéro...
qu'est ce qu'il veut dire, que la jouissance est l'opium du peuple ?! :)
RépondreSupprimerNotre société est quand même beaucoup dans la recherche de plaisir, souvent matériel (malheureusement),souvent égoïste ... si seulement les gens étaient plus dans la jouissance intellectuelle ou physique !!
;)
dis c'est de l'hollandais ??? je veux bien essayer de comprendre l'allemand ou l'anglais, mais le hollandais !!
quoique en Hollande, j'ai toujours réussi à passer commande de...
Merci pour ce billet très intéressant.
RépondreSupprimerOui, pour bien réussir une révolution, il vaut mieux être en paix avec soi-même et ses hormones... (Robespierre était-il impuissant?)
Selon moi le problème des sociétés occidentales n'est pas tant la jouissance, que l'addiction tyrannique de la jouissance immédiate. L'immédiateté, la soumission émotionnelle à l'alimentation médiatique, voilà bien le joug qui maintient les masses au ras des pâquerettes, nous empêche de prendre notre destin en main et nous soulever...
Il a raison... Je vais arrêter de jouir, penser à des choses sérieuses pour l'avenir de l'humanité et préparer une révolution ! Nan mais !
RépondreSupprimerIl en pose de drôles de questions, ton billet...!!
Bise
ps : est-ce que les grands révolutionnaires deviennent asexués...?
Euh... c'est moi ou cette grande phrase n'a finalement que peu de sens ?
RépondreSupprimerVotre pensée est assez éliptique.
Je ne pense pas que les gays et lesbiennnes souhaitaient faire la révolution. Certes, il y avait le couvercle de la cocotte minute à faire sauter mais dans de nombreux domaines et en particulier droits de noirs et des femmes. Ce qu'ils voulaient bien davantage, mais ce n'est que mon humble avis, était 1) de ne plus être exploités par des gens corrompus ou mafieux, 2) de pouvoir sinon vivre au grande jour du moins que l'hypocrisie des élites culturelles et politiques cesse. La liberté des gay et lesbiennes ne se situaient-elle pas déjà en dehors du système ?
La "normalité" ne les intéressaient pas particulièrement, en tout cas cette normalité là, sublimant le confort (le jouir déjà) et les conformismes. Mais de là à jouer les grands soirs ?
Cependant, le concept de révolution (surtout selon Alain B) m'échappe un peu. Le consummérisme n'est-il pas, en soi, une révolution ?
Ah... je savais bien que Véro était du genre (v)agit prop !!!
B
C'est un indice de plus pour rompre avec Badiou, malgré quelques sorties remarquées. Pour l'anecdote, il était maladivement jaloux de Deleuze à Vincennes et avait organisé des brigades qui interrompaient ses cours, foutaient le bordel et sommaient Deleuze d'expliquer en quoi ses cours servaient un objectif social ou politique. Un autre joyeux bordel qu'on aurait aimé connaître.
RépondreSupprimer@ Dita
RépondreSupprimerC'est un des rares philosophes à défendre l'idée de l'amour, sans tout le fatras bourgeois qui l'entoure bien sûr, mais comme c'est un maoïste convaincu, il se méfie quand même de toutes les injonctions à consommer, fut-ce la consommation de sexe. Mais c'est un ardent défenseur de toute idée émancipatrice des corps comme des esprits.
(C'est de l'Allemand, du Suisse plus exactement)
Dis tu commandes quoi en Hollande, parce qu'on y trouve beaucoup de choses ...
@ usclade
Tsssttt attention, on ne se moque pas de Robespierre !!! Pas d'attaque en dessous de la ceinture ;o)
Sinon je suis assez d'accord. Et bien souvent les plaisirs immédiatement accessibles que l'on nous sert sont sans valeur, sans saveur.
@ VéroPapillon
Hé toi !!! N'essaye même pas !! Et puis au contraire, ta jouissance est une subversion permanente.
@ petite française
Moi je lui trouve du sens, même s'il est discutable. Je reconnais le raccourci. Mais je maintiens le caractère révolutionnaire du mouvement d'émancipation gay et lesbien (si bien sûr on ne limite pas l'objectif de l'action révolutionnaire à la prise du pouvoir étatique, ce qui je vous l'accorde n'était pas leur but). Renverser les idées reçues, les carcans sociaux et légaux, changer la société et la vie de millions d'individus, mettre fin à la répression policière et sociale : c'est bien une révolution. :)
@ 502
Rompre avec Badiou ? Quelle idée ? Il encore faudrait être marié avec lui ! Je crois avoir entendu cette anecdote par rapport à Deleuze, dans l'émission de Taddéi il me semble, autant que je me souvienne c'était dans la foulée de 1968... Aujourd'hui ça ne l'empêche pas d'écrire du bien sur Deleuze, comme quoi :) En tout cas suis d'accord, cette ambiance là, ça devait être quelque chose.
Je profite de cette anecdote amusant pour caser un petit laïus sur la personnalité des intellectuels, pardonne moi de détourner ainsi ma réponse à ton commentaire. Un écrivain - un philosophe ou tout autre intellectuel ou scientifique (ça peut s'appliquer aux artistes aussi) - peut bien être un arriviste, un aigri ou un gros connard, ce n'est pas cela qui permet de décider si ce qu'il écrit est pertinent ou non. Je me souviens des mêmes polémiques au sujet de Bourdieu, quand ses détracteurs manquaient d'arguments ils attaquaient la personne : "imbu de lui même", "sectaire", "isolé"... En admettant que ce soit vrai. Et alors ? Jugeons l'oeuvre pour ce qu'elle est, par rapport aux productions de même nature, pas pour l'image que peut avoir celui qui la produit.
Ah mais je suis parfaitement d'accord. Je trouve de nombreuses œuvres admirables alors même que leurs auteurs me sont antipathiques en tant que personnes. Je trouve que Montherlant est un très grand auteur alors même que le bonhomme ne m'est guère sympathique. Tu évoques Bourdieu, on pourrait parler de ceux qui ne tolèrent pas que Hegel ait pu avoir tant d'influence dans la philosophie à cause de son parcours politique. Mais s'agissant de Badiou, c'est bien son œuvre qui ne me dit rien qui vaille, indépendamment de son personnage (et notamment son livre très décevant sur l'amour ou celui sur l'hypothèse communiste). Certes, évidemment, le fait qu'un obscur obsédé sexuel comme moi ne soit pas convaincu par l'œuvre de Badiou, n'est pas une remise en cause très puissante (j'en conviens !)... et finalement, je ne sais même plus où je voulais en venir à part te dire que j'étais d'accord avec ta remarque. Ah oui, à propos de Badiou et de Deleuze, malgré tout, le livre d'hommage du premier sur le second en 97 a heurté beaucoup de philosophes moins connus mais reconnus qui ont vu dans l'entreprise de Badiou une mystification déguisée derrière une gentillesse apparente. Je n'ai pas lu ce livre de Badiou, donc je répète bêtement ce que j'ai lu plusieurs fois : Badiou travestit sans vergogne la pensée de Deleuze pour se poser en continuateur magnifique, en philosophe qui réussit là où Deleuze a échoué. Bon, je retourne montrer ma queue, je ne suis bon qu'à ça et j'espère qu'on me jugera sur ma bite et pas sur ma personnalité et mes commentaires fumeux ! :-)
RépondreSupprimer@ 502
RépondreSupprimermais tu m'inquiètes... j'ai acheté le Badiou sur l'amour dans l'espoir de mieux comprendre son point de vue, qui me semblait intéressant mais peu clair, et voilà que tu me le descends avant même que je le lise... en plus, effectivement, celui sur l'hypothèse communiste n'était pas génial (quoique je me délecte encore de sa synthèse de la révolution culturelle chinoise)... :o)
Tu il faut le lire, il y a des choses intéressantes (un typologie des conceptions de l'amour... juridique, romantique, etc.) et même quelques très belles idées, notamment le fait que l'amour peut tenir une proposition d'éternité (il peut ainsi, mais comment lui en vouloir, faire un clin d'œil à la révolution qui peut également tenir cette proposition). Bref, je l'ai lu en étant intéress mais je n'ai pas senti (ou su sentir) ce souffle décapant, cette liberté de ton, cette parole forte que Badiou a parfois su développer(décapant sur Sarkozy notamment). Bon, tu dois avoir une belle bibliothèque. Et probablement des problèmes de place pour ranger les livres.
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