mardi 26 octobre 2010

À demie nue sur la scène du Théâtre Plaisance, elle provoque et pétrifie les spectateurs du premier rang. Majoritairement des hommes. "Pourquoi vous avez loué les premières places ? Qu'est-ce que vous vouliez voir ? Votre femme, où est-elle ? elle garde les enfants ? Vous trouvez ça normal ? Vous êtes pour la liberté sexuelle ? Vous voudriez faire l'amour avec moi ?"

C'était à la fin des années 1970 et, si l'on en croit un article de l'époque, un soir les choses ont mal tourné : deux hommes se sont levés, décidés à passer à l'acte, avant qu'une partie de la salle ne les maîtrise. Il n'est pas anodin de mélanger les préceptes du Théâtre de la Cruauté et le militantisme des années rouges.

Avec Jean-Pierre Georges, elle a conçu un diptyque de deux pièces provocatrices : Et moi qui dirai tout, et Le Diable. Dans la seconde, on la voit danser nue, écarter les cuisses, soupirer, se contorsionner, sur fond de musique sacrée : la diablesse était aussi une lectrice de Bataille. On suppose que c'est peu de temps après avoir assisté à l'une des représentations que Julio Cortazar écrit Homenaje a una joven bruja.

La jeune sorcière dont il est question s'appelle Rita Renoir. Une ancienne vedette du Crazy Horse dans les années 1950-1960. Probablement la plus célèbre strip-teaseuse française. Une strip-teaseuse intellectuelle, qui devient comédienne, interprète Obaldia et Euripide, et tourne pour Antonioni. Dans Il Deserto Rosso, face à l'impécable beauté froide de Monica Vitti, elle incarne une sensualité féminine quasi-animale.



Finalement, la soirée de lancement du collectif Chat-Soleil était très sage en comparaison. Pourtant la bad girl ne portait pas de culotte et la grande prêtresse de l'orgone avait chaussé ses escarpins fatals. Il paraît que tout s'est passé dans les marges.

© gaspard_des_nuits@yahoo.fr





12 commentaires:

  1. Ah oui, tu appelles ca les marges toi ? ;)

    RépondreSupprimer
  2. j'émarge là de quoi s'agit il ?

    RépondreSupprimer
  3. petite française27 octobre 2010 à 16:42

    tiens justement, j'allais dire qu'il y avait quelque chose de l'oeuvre de Pollock chez ces "émargeurs" mais cela m'a semblé trop audacieux. qu'en pensez-vous ?

    toute cette sagesse... est-ce bien moral ?

    RépondreSupprimer
  4. la fille qui rêve d'un massage des pieds27 octobre 2010 à 22:33

    On peut t'émarger ?? Où ? ;-)

    RépondreSupprimer
  5. J'adore cette scène de Désert Rouge... Toute la tension rentrée, on se dit que tout va exploser, que ça va bien finir par une violente partouze, et d'ailleurs ça commence et puis... Mais ça n'a rien à voir avec ta soirée, j'imagine !

    RépondreSupprimer
  6. J'avais adoré aussi l'ambiance de ce film intense mais je ne connaissais pas l'histoire de Rita, amitiés à toi.

    RépondreSupprimer
  7. Coucou...
    J'interdis à mon mari la fréquentation de votre blog: il adulait Rita Renoir!

    RépondreSupprimer
  8. j'aime beaucoup cette fille de chat soleil. son regard et son corps...
    j'adore ! et encore je ne l'ai pas vu de si près que vous
    ;)

    RépondreSupprimer
  9. Ah... Cortazar....
    Je ne suis pas étonné de retrouver sur ce blog une allusion à celui qui a écrit "Continuité des parcs", une nouvelle tout à fait surprenante. Si vous avez l'occasion, entre deux... distractions.

    RépondreSupprimer
  10. @ Emeline
    oui ! c'est toujours dans les marges que se passent les choses les plus intéressantes

    @ Waid
    Ah toi ! Ne fais pas l'innocent !

    @ petite française
    l'oeuvre de Pollock ????? comme vous y allez, bien qu'il y ait "projections" dans tous les cas...

    en tout cas, ravi d'avoir fait votre connaissance

    @ la fille qui rêve d'un massage des pieds
    les pieds !!!! je savais que j'avais oublié quelque chose hier ... bon, enfin je ne sais pas qui a émargé l'autre mais c'était chouette...

    @ Eva
    non la soirée ce n'était pas ça du tout... pour le film je reconnais que la première fois que j'ai vu la scène j'ai eu la même pulsion que toi...

    @ Valmont
    je suis tombé par hasard sur une photo de Rita en feuilletant une histoire du strip-tease dans la cabine d'une jonque chinoise sur la Seine... je me suis souvenu d'avoir plusieurs fois lu son nom, mais je n'arrivais pas à faire le rapprochement avec le strip-tease...

    @ Lillt
    Alors tant pis pour votre mari, mais en ce qui vous concerne, revenez sans modération !

    @ dita
    c'était difficile d'être plus près, c'est vrai...

    @ 502
    Je me souviens de l'avoir lue en espagnol, il y a longtemps, pendant les heures d'ennui de mon service militaire... je vais fouiller ma bibliothèque pour le retrouver

    RépondreSupprimer
  11. c'est bien de ne pas porter de culotte, et même c'est encore mieux de le faire ailleurs que sur scène.
    j'aime beaucoup la nouvelle mise en page!
    bisous
    Armandie

    RépondreSupprimer
  12. @ Armandie
    Je ne dirai pas le contraire (sur les culottes) ! bisous

    RépondreSupprimer