La baie d'Antsiranana était un repère de pirates de renom : Olivier Levasseur, dit La Buse, Henry Every, dit Long Ben, et Thomas Tew, qui selon Charles Johnson - l'auteur de l'Histoire générale des plus fameux pirates ( A General History of the Robberies and Murders of the most notorious Pyrates - 1724) - n'avait aucun égal en matière de galanterie.
À la fin du 17e siècle, les butins pris dans l'Océan Indien étaient au moins aussi intéressants que ceux des Caraïbes. Même si le métier n'était pas sans risque. Las de pillages qu'ils ignoraient sur un océan où ils étaient jusque-là seuls maîtres, les marins arabes et indonésiens avaient fini par s'armer lourdement. Et les navires des compagnies européennes étaient eux-aussi très bien armés. Alors, la plupart des pirates finissaient leur courte carrière au fond de l'eau ou au bout d'une potence. Mais les richesses transportées étaient telles que capturer un ou deux navires pouvait permettre d'espérer des jours heureux. Encore fallait-il savoir s'arrêter à temps.
En 1693, Thomas Tew avait capturé à l'entrée de la Mer Rouge un navire indien voguant vers l'Empire Ottoman avec une énorme cargaison d'ivoire, d'épices, de bijoux et de soie. Le coup avait été facile alors en 1695, il retourne vers le détroit de Bab-el-Mandeb, la « porte des lamentations », où plusieurs autres pirates sont déjà en embuscade. Tous décident d'agir de concert, mais un convoi de navires Moghols leur échappe et profite de la nuit pour franchir le détroit. Lancé à leur poursuite, Tew est tué par un boulet de canon. Plusieurs navires sont finalement rattrappés par Henry Every qui réussit l'acte de piraterie le plus rentable de tous les temps, 600 mille livres en métaux précieux et bijoux.
Si les riches passagères indiennes et leur escorte subissent un sort peu enviable, Every, lui, devient le plus riche pirate du monde. Et l'année suivante, on perd sa trace du côté de l'Irlande. De nombreux membres de son équipage sont arrêtés et une part du butin est retrouvée, mais lui a disparu.
Aujourd'hui Diego Suarez n'est qu'un port de seconde zone, mais son écrin demeure une splendeur. Que soit ici remerciée la grande prêtresse de l'orgone, qui sans même évoquer l'or ou l'ivoire des pirates, ni même les charmes de leurs prisonnières, réussit à me faire rêver de ce lieu.

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Billet savoureux ! Cela me rappelle trois petits textes de Marcel Schwob, intitulés ainsi : "Le capitaine Kid, pirate", "Walter Kennedy, pirate illettré", "Le major Stede Bonnet, pirate par humeur".
RépondreSupprimerEn ce qui concerne le capitaine Kid, on ne s'accorde point sur la raison qui fit donner à ce pirate le nom du chevreau (kid). Certains prétendent qu'il avait l'habitude de porter, à la manoeuvre, de délicats gants de chevreau à revers en dentelle de Flandres. D'autres affirment que dans ses pires tueries, il s'écriait : "moi qui suis doux et bon comme un chevreau nouveau né !". Toujours est-il que son pavillon était brodé d'une tête de chevreau et que son cachet était gravé de même.
Merci pour le voyage et quelle belle poitrine !
J'aurai trop aimé être pirate !! Sauf que j'aurai donné les ordres depuis la terre...
RépondreSupprimerTon billet donne très très envie de découvrir cet endroit, je suis partie dans tes mots... et qui sait si dans un de ces îlots dont tu parles, il n'y a pas une grotte regorgeant de trésors !
ps : toi, tu es une sorte de pirate photographique ;-)
J'ai toujours adoré les histoires de pirates, des ports francs et des îles qui n'existent sur aucune carte. Il faudrait en dire un peu plus sur le sort des belles indiennes...
RépondreSupprimerMonde cruel certes.
Vous ne retournez jamais l'apareil ? non pas que je n'apprécie pas mais ...
Et puis la dame aussi est douée pour la photographie.
ps : un signe de 502 ! vous en avez de la chance !
@ 502
RépondreSupprimerJe me demande combien de pirates le sont devenus à cause d'une belle poitrine !
@ La fille des cartons
il faudrait aller voir... :o)
@ petite française
les belles indiennes, hum ça donnerait un côté triste et cruel à l'histoire... quant à retourner l'appareil, ça ne devrait pas tarder... :o)
Yo ho ho and a bottle of rum !
RépondreSupprimer@ Le Gabian
RépondreSupprimerNe manque pas l'embarquement !