À bas le sommaire, vive l'éphémère - Bazhad evit bazhad

"Mazoutés aujourd'hui, radioactifs demain ?" Au tout début des années 1980, il n'était pas improbable d'apercevoir dans la lande du cap Sizun des élus locaux marcher à la rencontre des gendarmes mobiles, avec un lance-pierre autour du cou.



C'est la pointe de Feunteun Aod (La fontaine sur la côte) qui avait été retenue pour accueillir la première centrale nucléaire de Bretagne. À proximité de la pointe du Raz, le site se prêtait parfaitement à la construction d'un port en eau profonde pour l'acheminement du matériel. Le 29 novembre 1978, le Conseil général du Finistère se prononce en faveur du projet. Mais à cette époque, le fond de l'air est rouge, même en Bretagne. Le 30 janvier 1980, les dossiers pour l'enquête d'utilité publique sont réceptionnés à la mairie de Plogoff, devant laquelle ils sont brûlés l'après-midi même.

Avec l'appui des élus municipaux, des opposants décidés réussissent à créer un réseau efficace de militants écologistes, de régionalistes et surtout d'habitants préoccupés par la protection d'un patrimoine local déjà fortement secoué par les marées noires. Malgré leur relative inexpérience politique, ils apprennent à organiser des manifestations, ils réussissent à attirer l'attention des médias et la sympathie de la population, tout en tissant des liens avec les partis politiques. Les 24 et 25 mai 1980, entre 100 et 150 mille personnes se réunissent dans la Baie des Trépasssés pour une "Pentecôte anti-nucléaire". Dans un contexte de progression socialiste en Bretagne, ils obtiennent finalement l'annulation du projet, après l'élection de François Mitterrand en 1981.



C'est possible.