mercredi 10 novembre 2010


À la fin du 19e siècle, apparaissent en France plusieurs associations de casse-couilles. Il y a principalement, la Ligue française pour le relèvement de la moralité publique, 1883, et la Société générale de protestation contre la licence des rues, 1894. Malgré des divergences sur la prostitution et les maisons de tolérance, que l'une veut abolir et que l'autre voit comme un mal nécessaire pour canaliser le vice, elles s'entendent suffisamment pour former, dès 1905, la Fédération des sociétés antipornographiques.

Les militants de ces ligues de vertu, ne dépassèrent jamais les quelques centaines, mais leurs positions sociales leurs donnaient souvent une influence non négligeable. La lecture du détail de leurs faits d'armes est tout à fait hilarante. Comme les plaintes pour outrage aux bonnes moeurs ne sont recevables que si elles sont déposées par des victimes, les militants se sacrifient en assistant aux spectacles des chansonniers, ou aux pièces de théâtre graveleuses. Au moindre jeu de mot ou de scène grivois, ils font scandale et s'empressent de traîner les coupables en justice.

Héros parmi les héros de la morale, Émile Pourésy, est impressionnant d'abnégation. Converti au protestantisme à 19 ans, il s'engage dans l'armée coloniale où il tente d'imposer la rigueur morale à ses camarades, notamment en tentant de couvrir leurs chansons paillardes par des refrains patriotiques. Son échec complet ne le décourage pas. Il visite les librairies, demande des cartes postales de femmes dénudées et lorsqu'on lui propose des images trop lascives, s'empresse de les acheter et court au tribunal. Il quadrille la France en véritable apôtre de la morale, donne conférence sur conférence. Il écrit des dizaines de brochures, dont La vie morale et le respect de la femme, éditée à plus de 192 000 exemplaires, grâce aux soutien d'amis fortunés, et distribuée à la troupe pendant la Première Guerre mondiale. Les officiers, inquiets de la propagation des maladies vénériennes parmi les conscrits, voient d'ailleurs d'un très bon oeil son action de moralisation des jeunes recrues. Mais quand il demande et obtient de parler directement aux soldats sur le front, il passe à deux doigts du lynchage. Les poilus qui côtoient la mort dans les tranchées n'apprécient pas du tout les leçons de morale de ce civil.

Parmi les cibles de la Société générale de protestation contre la licence des rues, il y a le Bal des Quat'z'Arts, une fête carnavalesque organisée chaque année depuis 1892 et jusqu'en 1966 par les élèves en architecture, peinture, sculpture et gravure de l'École nationale des beaux-arts. Une fête qui, semble-t-il, dérivait assez souvent en bacchanale orgiaque.


© gaspard_des_nuits@yahoo.fr


Au vu des forfaits que certaines commettent dans leur salle de bain avant leurs soirées, l'échec des ligues de vertu est patent. Quant-à celle qui m'a fait connaître le Bal des Quat'z'Arts, peut elle préciser ses intentions ?*

* c'est juste une manière de parler





6 commentaires:

  1. De quoi ? Un ultimatum ? Qu'on m'apporte mon sombrero, ma cartouchière et ma fausse moustache, je vais envahir la Pologne !!!

    C'est aussi manière de causer...

    Alors ? C'est sympa Hong-Kong ? (Hong-Kong, riante bourgade où ma très sainte mère vit le jour, hé oui) Ça te laisse le temps de bachoter à ce que je vois !

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  2. @ Zapata / Le Gabian
    Venez bien armée révolutionnaire cosmopolite !

    (Yes. Le jet-lag aide, l'alcool moins.)

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  3. Emile Pourésy serait-il du Berry comme la Boutin ? Il se peut, car le LRMP continue de vivre, même si la siglaison au fil du temps a changé. Et oui, Christine ne lutte-t-elle pas auprès du ROC, FIVA, CID, comme des rejets du mouvement ancestral ? Oh, comme vous faites bien d'aborder ce sujet ! Finalement, je pense qu'ils sont dans le vrai : il faut à tout prix moraliser notre société dépravée, vous ne trouvez pas ?

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  4. aux usa, il y a un parti contre la masturbation...
    devant tant de conneries, je file au bal!
    me rendre ivre en tournoyant et en buvant...et en baisant accessoirement.

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  5. Edwarda L'imparfaite14 novembre 2010 à 22:05

    Hum... je pense que les acharnés des bonnes mœurs, comme ce Emile, ont des trucs refoulés à cacher derrière leur "combat"... Pas très sains...

    Pourquoi j'ai pas fait archi ???? ;-)

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  6. @ gicerilla
    Je crois qu'il était toulousain. Moraliser la société dépravée ? Que diriez-vous de me servir de modèle pour réaliser une campagne d'affichage sur ce thème ? ;)

    @ dita
    faudra que tu nous racontes cette histoire de bal

    @ Edwarda L'imparfaite
    tu as fait mieux qu'archi toi... tu as fait modèle, tu as fait photo, et tu as fait prof... ce n'est pas suffisant comme dépravation ? ;)

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